Mais certaines conditions de sûreté laissent songeur Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire à la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad) : « Les essais portent sur la résistance aux chocs à 50 kilomètres/heure (chute de neuf mètres) sur cible indéformable, la résistance à la perforation (chute sur un poinçon d’une hauteur d’un mètre), la résistance à l’incendie (feu de 800 °C pendant trente minutes), la résistance à l’immersion (sous 200 mètres d’eau). Ces paramètres paraissent dérisoires face à certaines hypothèses d’accident. » Greenpeace abonde : « Ces convois transitent régulièrement sur des parcours qui soumettent ces emballages à des épreuves supérieures à leur résistance (par exemple des ponts de plus de 30 mètres de hauteur pour des emballages résistants à une chute de neuf mètres). »
LE DÉMANTELEMENT
Sur plus de 140 réacteurs nucléaires, 15 ont été entièrement démantelés, une cinquantaine sont en cours de démantèlement. En France, 19 installations (laboratoires, usines et réacteurs) ont été démantelées. 70 le sont actuellement dans le monde.
Le retrait du combustible du réacteur nucléaire est une étape clé car il permet d’enlever la quasi-totalité de la radioactivité du site. Pour le reste les opérations de démantèlement s’apparentent à des opérations de décontamination, d’assainissement, de démontage et de destruction des équipements et de génie civil.
Les différentes étapes du démantèlement
Après que la mise à l’arrêt définitif de l’installation soit engagée, les opérations de démantèlement ne seront autorisées qu’après l’obtention d’un décret signé par le gouvernement, suite à l’avis de l’ASN et après avoir fait l’objet d’une enquête publique auprès des riverains et des différentes parties prenantes.
Après publication du Décret, le déclassement de l’installation s’articule autour de différentes étapes :
- l’évacuation des matières, des équipements, des gros composants, …
- l’élimination de la radioactivité des bâtiments,
- l’assainissement et le démantèlement des structures du génie civil, voire la démolition des bâtiments pour les réacteurs de puissance,
Par "évacuation" il faut ici comprendre "transport" et naturellement risques liés à cette étape.
Accident, attaque, détournement… des transports à haut risque
Le transport est un autre maillon faible de la chaîne du combustible. « Transférer des combustibles en grande quantité d’une piscine à une autre n’est pas du tout simple, souligne Yves Marignac. Ce sont des opérations lourdes, qui nécessitent d’utiliser des châteaux de combustible, d’énormes cylindres en plomb et en béton dans lesquels on met les assemblages pour les transporter. »
Pour faire face aux risques liés au transport de matières radioactives, le concept de « défense en profondeur » à trois composantes est appliqué :
- Robustesse des emballages. Les emballages sont conçus en tenant compte de situations accidentelles prédéfinies. Ils doivent être d'autant plus robustes que la radioactivité contenue est importante. Pour ce faire, des tests de résistance sont effectués dans des conditions sévères.
- Fiabilité des transports. Elle exige que les opérations se déroulent dans le respect des règles prévues par le règlement pour le transport des marchandises dangereuses, spécifiques à chaque mode de transport. La conception du moyen de transport et la formation des personnels font partie de ces règles.
- Prévention et gestion des incidents et accidents. Un dispositif de gestion de crise est prévu pour le cas où un incident ou un accident surviendrait. Sa mise en œuvre est coordonnée par le préfet. Elle mobilise, en fonction de la situation, des acteurs aux compétences complémentaires : les sapeurs-pompiers, les hôpitaux, l’IRSN à travers ses experts en radioprotection et des colis, les Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL).
Les risques induits par les transports de substances radioactives :
- le risque d’exposition externe (irradiation) de personnes, notamment dans le cas de la détérioration des composants du colis assurant la protection radiologique (c’est-à-dire qui permettent de réduire le rayonnement au contact des colis contenant les substances radioactives) ;
- le risque d’exposition interne (contamination par inhalation ou ingestion de particules radioactives) ou de contamination de la peau des personnes en cas de relâchement de substances radioactives hors de l’emballage ;
- la contamination de l’environnement dans le cas de relâchement de substances radioactives ;
Plusieurs facteurs font varier l’existence et l’ampleur des risques :
- la nature des substances radioactives transportées ;
- leur forme (solide, liquide, gazeuse) et de leur conditionnement (sous forme de poudre, de source radioactive scellée…) ;
- les quantités transportées dans un colis ;
- la conception de l’emballage et de la protection qu’il apporte ;
- le nombre de colis transportés dans un même moyen de transport (véhicule, wagon…)
Les colis contenant les substances radioactives doivent assurer les fonctions de sûreté suivantes :
- Assurer une protection contre les rayonnements ionisants émis par ces substances, par exemple au moyen d’un blindage qui atténue grandement ces rayonnements ;
- Empêcher le relâchement ces substances hors du colis, grâce à une enveloppe extérieure et un système de fermeture assurant l’étanchéité du colis ;
- Empêcher l’occurrence d’une réaction nucléaire en chaîne si son contenu est constitué de matières fissiles, notamment en limitant le contenu et en restant étanche (car l’eau facilite le démarrage de ces réactions) ;
- le cas échéant, Assurer la protection contre le dégagement thermique important du contenu, par exemple aux moyens d’ailettes de refroidissement ;
- le cas échéant, Assurer une protection contre les risques chimiques présentés par le contenu.
Le X: PUISSANCE, PROCESSUS, TECHNOLOGIE DE DEMAIN